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cours considère la beauté comme l’objet de l’art.


Une troisième méthode consiste à agir, d’une façon souvent toute physique, sur notre sensibilité. On dit alors que les œuvres sont « saisissantes », ou « pleines d’effet ». Les effets qu’elles produisent, dans tous les arts, sont presque uniquement des effets de contraste ; elles associent le terrible et le tendre, le hideux et le beau, le doux et le fort, le clair et le sombre, le banal et l’extraordinaire. En littérature, cependant, aux effets de contraste s’ajoutent d’autres effets, consistant dans la description de choses qui, jamais encore, n’ont été décrites. Ces choses sont, d’ordinaire, des détails pornographiques évoquant le désir sexuel, ou des détails de souffrances et de mort évoquant l’horreur ; ainsi, en nous décrivant un meurtre, on nous donne un minutieux compte-rendu médical des tissus lacérés, de l’odeur, de la quantité et de la couleur du sang. En peinture et en sculpture, un effet de contraste qui commence à devenir très goûté consiste à traiter un détail avec un extrême fini tandis qu’on laisse au reste de l’œuvre l’apparence négligée d’une esquisse. Au théâtre, ce ne sont que scènes de folie, d’assassinat, de mort ; et