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dirigeait la maison. Quant à mon yamchtchik, il était veuf. Chaque année, il venait de leur village des artels[1] de yamchtchiks. Lui n’avait jamais auparavant fait ce métier, et c’était pour venir en aide à son frère qu’il s’était engagé à la poste. Il vivait là, grâce à Dieu, pour cent vingt roubles en papier par an, dont cent qu’il envoyait à sa famille… Cette vie lui conviendrait assez :

« Seulement, les coulliers sont trop méchants, et le monde est toujours à gronder par ici. »

— Pourquoi donc m’injuriait-il, ce yamchtchik-là ? Dieu ! Petit père ! Est-ce que je les lui ai fait partir exprès, ses chevaux ? Suis-je donc un brigand ? Pourquoi est-il allé à leur poursuite ? ils seraient bien revenus tout seuls. Il fatiguera ses chevaux et se perdra lui-même, répétait le petit moujik de Dieu.

  1. Artel (association coopérative).