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mot « loi », qui exprime à la fois ce que ses auditeurs considèrent faussement comme la loi de Dieu « votre loi » et celle qu’il vient leur annoncer, la vraie loi, la loi divine, éternelle. Non seulement un réformateur ne peut pas éviter le double emploi de ce mot ; mais, souvent, il ne veut pas l’éviter, et confond sciemment les deux idées, indiquant par là que dans cette loi, fausse en bloc, confessée par ceux qu’il convertit, il y a néanmoins des vérités éternelles.

Chaque réformateur prend précisément ces vérités-là, connues de ceux à qui il prêche, comme base de son enseignement. C’est précisément ce que fait Jésus, au milieu des Juifs chez lesquels les deux lois s’appellent indistinctement Thora. Jésus reconnaît que la loi de Moïse et plus encore les écrits des prophètes, Ésaïe surtout, dont il cite constamment les paroles, contiennent des vérités divines, éternelles, qui concordent avec la loi éternelle (par exemple, le commandement : « Aime Dieu et le prochain »), et il les prend comme base de sa doctrine.

Jésus exprime bien des fois cette même pensée ; (Luc, x, 26), il dit : « Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? » Dans la loi, on peut aussi trouver la vérité éternelle, si on sait lire.

Et il affirme plus d’une fois que le commandement de la loi mosaïque d’aimer Dieu et le prochain est aussi le commandement de la loi éternelle. Après toutes les paraboles à l’aide desquelles Jésus explique le sens de sa doctrine aux disciples, il prononce, en terminant, ces paroles qui ont rapport à tout ce qui précède (Matth., xiii, 52) :

« C’est pourquoi tout docteur qui est bien instruit en