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souvent cruelles dont chacune est précédée par les mots : « Et Dieu dit à Moïse », et il me paraissait singulier que Jésus eût pu confirmer tout ce recueil de lois ; et je ne pouvais comprendre pourquoi il l’avait fait. Mais alors, je laissais tomber la question, sans la résoudre, et j’acceptais de confiance les explications qui m’avaient été inculquées dès l’enfance ; on me disait que les deux lois sont également le produit de l’inspiration du Saint-Esprit, qu’elles s’accordent parfaitement, que Jésus confirme la loi de Moïse, qu’Il la complète et l’amplifie. Quel était le procédé de cette amplification ? comment se résolvaient les contradictions qui sautent aux yeux dans tout l’Évangile, dans ces versets 17-20 et dans les mots : « Et moi je vous dis » ? Je ne m’en rendais pas bien compte alors. Maintenant, après avoir reconnu le sens clair et simple de la doctrine de Jésus, j’ai compris que ces deux lois étaient opposées et qu’il ne peut pas étre question de les accorder, ou de les compléter l’une par l’autre, qu’il faut inévitablement choisir entre les deux et que l’explication des versets 17-20 du ve chapitre de Matthieu, qui m’avait jadis frappé par son obscurité, doit être incorrecte.

En relisant de nouveau ces mêmes versets 17-19, qui m’avaient toujours paru si obscurs, je fus frappé de leur sens simple et clair, qui tout à coup se révéla à moi.

Ce sens se révéla a moi, non parce que je combinais ou transposais quelque chose, mais seulement parce que je rejetais les explications factices qui étaient attachées à ces paroles.

Jésus dit : Matt. v, 17, 18 : « Ne pensez pas que je sois venu pour détruire la loi ou les prophètes (la doc-