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manières différentes, mais malheureusement pas de la seule manière simple et directe que comporte inévitablement le sens de ces paroles.

Nous avons organisé toute notre existence sur les bases mêmes que Jésus réprouve ; nous ne voulons pas comprendre sa doctrine dans son acception simple et directe et nous assurons aux autres et à nous-mêmes que nous suivons sa doctrine, ou bien que sa doctrine ne saurait nous convenir.

Les soi-disant croyants croient que le Christ-Dieu, seconde personne de la Trinité, est descendu sur la terre pour enseigner aux hommes par son exemple — comment il faut vivre ; ils accomplissent les actes les plus compliqués pour la consommation des sacrements, l’édification des temples, l’envoi des missionnaires, l’établissement des prêtres, l’administration des paroisses, l’exercice du culte, mais ils oublient un petit détail — de pratiquer les commandements de Jésus.

Les incrédules essayent de toutes les façons d’organiser leur existence en dehors de la doctrine de Jésus, ayant décidé à priori que cette doctrine ne vaut rien. Mais tenter la mise en pratique de ce qu’il enseigne, — c’est à quoi chacun se refuse, et ce qui pis est, avant même d’avoir tenté de le faire, croyants et incroyants décident à priori que cela est impossible.

Jésus dit simplement et clairement : la loi de résistance au méchant par la violence dont vous avez fait la base de votre existence est fausse et contraire à la nature de l’homme, et il donne une autre base, celle de ne pas résister au méchant, règle qui, selon sa doctrine, peut seule délivrer les hommes du mal. Il dit : Vous croyez que vos lois qui recourent à la violence corrigent le