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masse inerte humaine est la vérité. Or la vérité ne se transmet aux hommes que par des actes de vérité.

Seulement les actes de vérité, en introduisant la lumière dans la conscience de chaque homme, dissolvent l’homogénéité de l’erreur, détachent un à un de la masse les hommes soudés entre eux par la force de l’erreur.

Et voilà dix-huit cents ans que ce travail se fait.

Depuis que les commandements de Jésus sont placés devant l’humanité, ce travail a commencé et ne se relâchera pas jusqu’à ce que « tout ne s’accomplisse, » comme l’a dit Jésus. (Matth., v, 18.)

L’Église, qui croyait unifier les hommes en leur affirmant par des serments solennels qu’elle est la vérité, est morte depuis longtemps. Mais l’Église composée d’hommes unifiés, non par des promesses ou des onctions de saint chrême, mais par des actes de vérité et de charité, — cette Église-là a toujours vécu et vivra éternellement. Cette Église, maintenant comme jadis, se compose, non pas d’hommes qui disent : « Seigneur ! Seigneur ! » et commettent des iniquités (Matth., vii, 21-22), mais d’hommes qui entendent les paroles de la vérité et les mettent en pratique.

Les hommes de cette Église savent que leur vie est un bienfait, s’ils ne portent pas atteinte à leur fraternité avec les autres hommes, à l’unité du Fils de l’homme, et que ce bienfait n’est perdu que pour ceux qui ne pratiquent pas les commandements de Jésus. Par conséquent, les hommes de cette Église ne peuvent pas ne pas pratiquer ces commandements pour eux-mêmes et en enseigner la pratique aux autres.

Que le nombre de ces hommes soit en ce moment petit