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militaire, à plus forte raison les guerres, et je ne puis pas contribuer à ce que les autres le fassent.

J’ai compris en quoi consiste mon vrai bien, j’ai foi en cela ; par conséquent, je ne puis pas faire ce qui, indubitablement, me prive de mon vrai bien.

Non seulement j’ai la foi que je dois vivre ainsi, mais j’ai la foi que si je vis ainsi, et seulement ainsi, ma vie aura pour moi le seul sens possible, raisonnable, joyeux et indestructible par la mort.

Je crois que ma vie raisonnable — ma lumière — ne m’est donnée que pour luire devant les hommes, non pas en paroles seulement, mais par de bonnes actions, pour que les hommes glorifient le Père (Matth., v, 16). Je crois que ma vie et ma connaissance de la vérité est le talent qui m’est confié pour que je le mette en œuvre, que ce talent est une flamme qui n’éclaire que quand elle brûle. Je crois que je suis un Ninivite relativement à d’autres Jonas, desquels j’ai appris et j’apprendrai la vérité ; mais que je suis Jonas par rapport à d’autres Ninivites, auxquels je dois transmettre la vérité. Je crois que l’unique sens de ma vie consiste à vivre dans la clarté de la lumière qui est en moi, et à la placer, non pas sous le boisseau, mais bien haut devant les hommes, pour que les hommes la voient. Et cette foi me donne de nouvelles forces pour accomplir la doctrine de Jésus et anéantir tous les obstacles qui se dressaient autrefois devant moi.

Tout ce qui me faisait mettre en doute autrefois la vérité et la possibilité de pratiquer la doctrine de Jésus, tout ce qui m’en détournait, — la possibilité des privations, des souffrances et de la mort infligées par des hommes qui ne connaissent pas la doctrine de Jésus, —