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pas les carêmes et les prières que d’ailleurs l’Église elle-même reconnaît non obligatoires. Tout ce qu’il faut pour le pseudo-chrétien, c’est : le sacrement. Mais le sacrement ne s’accomplit pas par le croyant ; d’autres le lui administrent. Le pseudo-chrétien n’est obligé de rien faire ou de s’abstenir de rien pour son salut, l’Église lui administre tout ce dont il a besoin. Elle se charge de le baptiser, de l’oindre, de le faire communier, de lui donner l’extrême-onction, de le confesser, même quand il a perdu connaissance, de prier pour lui, — et le voila sauvé. L’Église chrétienne depuis Constantin n’a prescrit aucune activité à ses membres. Elle n’a même jamais exigé qu’on s’abstienne de n’importe quoi. L’Église chrétienne a reconnu et sanctionné le divorce, l’esclavage, les tribunaux, tous les pouvoirs existants, ainsi que les exécutions et les guerres ; elle n’exigeait (et cela seulement dans les commencements) que le renoncement au mal à l’occasion du baptême ; mais plus tard, quand on introduisit le baptême des nouveau-nés, elle cessa d’exiger même cela.

L’Église, reconnaissant en paroles la doctrine, de Jésus, la reniait en fait dans la vie.

Au lieu de guider le monde, dans sa vie, l’Église, par complaisance pour le monde expliqua à sa manière la doctrine métaphysique de Jésus, de façon qu’il n’en découlait aucune obligation pour la vie, et par conséquent nulle nécessité pour les hommes de vivre mieux qu’ils ne vivaient. L’Église a capitulé devant le monde, et, après avoir cédé une fois, elle se mit à sa remorque. Le monde faisait tout ce qui lui plaisait, laissant à l’Église le soin de se tirer d’affaire, comme elle pourrait, dans ses explications du sens de la vie. Le monde orga-