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Jésus n’enseigne pas le salut par la foi en l’ascétisme, c’est-à-dire par des chimères, ou bien par des tortures volontaires, mais il enseigne la vie qui, tout en nous sauvant du néant de la vie personnelle, nous donne dans ce monde moins de souffrances et plus de joies que la vie personnelle.

Jésus, en proclamant sa doctrine, dit aux hommes qu’en la pratiquant même au milieu de ceux qui ne pratiquent pas, ils n’en seront pas plus malheureux, mais au contraire bien plus heureux que ceux qui ne la pratiquent pas. Jésus dit qu’il y a un calcul mondain infaillible, c’est ne pas avoir souci de la vie mondaine.

(Marc, x, 28-31). Pierre dit à Jésus : Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi (Matth., xix, 27), qu’en sera-t-il pour nous ? (Marc, x, 29). Jésus répond : Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté à cause de moi, et à cause de l’Évangile, sa maison ou ses frères, ou ses sœurs, ou son frère, ou sa mère, ou ses enfants, ou ses terres ne reçoive au centuple, présentement, dans ce siècle-ci, au milieu des persécutions, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres et dans le siècle à venir la vie éternelle. (Luc, v, 10-11, xviii, 28-30.)

Jésus déclare, il est vrai, que ceux qui le suivront doivent s’attendre à être persécutés par ceux qui ne le suivront pas, mais Il ne dit pas que ses disciples resteront en perte pour cela. Au contraire, Il dit que ses disciples auront ici, dans ce monde, plus de joies que ceux qui ne le suivront pas.

Que Jésus le dise et le pense, c’est hors de doute, vu la clarté de ses paroles à ce sujet, vu le sens de toute sa