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les œuvres étaient méchantes qu’ils l’ont déguisée en mensonge et que les hommes ont perdu confiance dans la vérité. Dans notre société européenne, les paroles de Jésus : Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage de la vérité, et quiconque est enfant de la vérité entend ma parole, ont été depuis longtemps écartées par la réponse de Pilate : Qu’est-ce que la vérité ? Ces paroles, citées comme une amère, et profonde ironie contre un Romain, nous les avons prises au sérieux et nous en avons fait un article de foi.

Dans notre monde tous les hommes vivent, non seulement sans vérité, non seulement sans le moindre désir de la connaître, mais avec la ferme conviction qu’entre toutes les occupations oiseuses, la plus oiseuse est la recherche de la vérité qui règle la vie humaine.

La doctrine qui règle la vie — ce qui chez tous les peuples — jusqu’à nos sociétés européennes était toujours considéré comme la chose la plus importante, ce dont Jésus disait : « une seule chose est nécessaire, » — c’est là précisément ce que nous dédaignons. Une institution appelée l’Église à laquelle personne, même ceux qui en font partie, ne croit plus depuis longtemps, — s’en occupe seule.

L’unique fenêtre par où pénètre la lumière vers laquelle se dirigent les regards de tous ceux qui réfléchissent et souffrent — est obstruée. Aux questions : Que suis-je, que dois-je faire ? ne pourrai-je pas alléger mon fardeau selon la doctrine de ce Dieu qui, d’après vos propres paroles, est venu nous sauver ? — on répond : Remplis les prescriptions des autorités et crois à l’Église. Mais pourquoi donc la vie est-elle pleine de maux ? demande une voix désespérée : pourquoi tout ce