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L’homme n’est pas venu au monde pour être servi, mais pour servir et donner sa vie personnelle comme la rançon de plusieurs. En réponse à l’exigence de ses disciples, qui lui révèlent leur inaptitude à comprendre sa doctrine, Jésus ne commande pas d’avoir foi, c’est-à-dire de modifier l’idée qu’ils se font des biens et des maux qui découlent de leur doctrine (Il sait que c’est impossible), mais Il leur explique le sens de la vie qui est la base de la foi, c’est-à-dire Il leur enseigne le vrai discernement du bien et du mal, de l’important et du secondaire.

À la question de Pierre : « Que recevrons-nous, — quelle récompense aurons-nous pour nos sacrifices ? » Jésus répond principalement par la parabole des ouvriers loués, du xxe chapitre de Matthieu, qui commence par ces mots : le royaume des cieux est semblable à un père de famille, etc. ; Jésus explique à Pierre qu’il ne comprend pas la doctrine et que c’est la cause de son manque de foi. Jésus dit : la rémunération proportionnée au travail n’a d’importance qu’au point de vue de la vie personnelle. La foi dans la récompense pour le travail, en proportion du travail, découle de la doctrine de la vie personnelle.

Cette foi est basée sur la présomption de je ne sais quels droits que nous nous figurons avoir ; mais l’homme n’a droit à rien, il n’a que des obligations pour le bien qu’il a reçu, c’est pourquoi il ne peut compter avec personne. Alors même qu’il donnerait toute sa vie, il ne rendrait pas tout ce qu’il a reçu, c’est pourquoi le Seigneur ne peut pas être injuste pour lui. Mais si l’homme fait valoir ses droits sur sa vie, s’il compte avec le Principe de tout, dont il tient la vie, il ne prouve