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vie ce qui est impérissable. La mort des gens écrasés par la tour, brûlés dans le cirque vous épouvante, mais votre mort, tout aussi affreuse et tout aussi inévitable, est là, devant vous tous. Et vous avez tort de tâcher de l’oublier ; inattendue, elle n’en est que plus hideuse.

Il dit à la foule (Luc, xii, 54-57) : « Lorsque vous voyez un nuage se former du côté du couchant, vous dites aussitôt que la pluie ne tardera pas à venir ; et il pleut en effet. Et quand vous entendez souffler le vent du midi, vous dites qu’il fera chaud ; et le chaud ne manque pas d’arriver. Hypocrites que vous êtes, vous savez si bien reconnaître ce que présagent les diverses apparences du ciel et de la terre ; comment donc ne connaissez-vous point ce temps-ci (57) ? Comment n’avez-vous point de discernement pour reconnaître, par ce qui se passe parmi vous, ce qui est juste ? »

Vous savez bien prévoir le temps qu’il fera d’après des indices, comment donc ne voyez-vous pas ce qui vous arrivera ? Vous aurez beau fuir le danger, garantir votre vie matérielle par tous les moyens imaginables, malgré tout, si ce n’est pas Pilate, c’est une tour qui vous tuera, et si ce n’est ni l’un ni l’autre, vous mourrez dans vos lits au milieu de souffrances bien plus grandes.

Faites un simple calcul, comme celui que font les mondains, quand ils projettent quelque chose, une entreprise quelconque, comme la construction d’une maison ou l’achat d’une campagne. Ils travaillent dans l’espérance de voir se réaliser leur calcul. (Luc, xiv, 28-31). « Car qui est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne suppute auparavant, en