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raison à la recherche des lois historiques de sa seule nature animale.

Les doctrines philosophiques et religieuses de tous les peuples, excepté les doctrines philosophiques du monde pseudo-chrétien, toutes celles que nous connaissons : le judaïsme, la doctrine de Confucius, le bouddhisme, le brahmanisme, la sagesse des Grecs, toutes ces doctrines ont pour but de régler la vie humaine et d’éclairer les hommes sur ce qu’ils ont à faire pour devenir meilleurs et mieux vivre. Toute la doctrine de Confucius consiste dans le perfectionnement individuel ; le judaïsme, dans la fidélité de chacun à l’alliance avec Dieu ; le bouddhisme, dans la doctrine qui enseigne à chacun comment se soustraire à la vie charnelle. Socrate enseignait le perfectionnement personnel au nom de la raison ; les stoïciens reconnaissent l’indépendance de l’être raisonnable comme la seule base de la vraie vie.

Toute l’activité raisonnable de l’homme a toujours consisté, — et cela ne pouvait pas être autrement, — à éclairer du flambeau de la raison son impulsion naturelle vers le bien. Le libre arbitre, dit notre philosophie, est une illusion, et elle se targue de la hardiesse de cette déclaration. Le libre arbitre, dirons-nous, est non seulement une illusion, c’est un mot vide inventé par les théologiens et les criminalistes, et réfuter ce mot, c’est se battre contre des moulins à vent. Mais la raison qui éclaire notre vie et nous pousse à modifier nos actions n’est pas une illusion et ne peut pas être niée. Obéir à la raison pour réaliser le bien, c’est la substance de la doctrine de tous les vrais maîtres de l’humanité, et c’est là aussi toute la doctrine de Jésus ;