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sauvage qui croît dans la fente du puits. Ses mains faiblissent et il sent que bientôt il devra s’abandonner à une perte certaine ; mais il se cramponne toujours et voit que deux souris, l’une noire, l’autre blanche, faisant également le tour du buisson auquel il est suspendu, le rongent par dessous.

Le voyageur voit cela et sait qu’il périra inévitablement ; mais, pendant qu’il est ainsi suspendu, il cherche autour de lui et il trouve sur les feuilles du buisson quelques gouttes de miel ; il les atteint avec la langue et les suce avec volupté.

C’est ainsi que je me tiens sur les branches de la vie, sachant que le dragon de la mort m’attend inévitable-