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ble, qu’il est impossible à un homme de s’ôter son seul moyen d’existence.

Il est vrai que maintenant quelques gouvernements semblent vouloir dégrever le peuple des impôts qui l’accablent, en les transportant sur les riches, en établissant l’impôt sur le revenu. Mais ce transfert des impôts directs en impôts sur le revenu ne peut soulager le peuple, car les riches, c’est-à-dire les marchands, les propriétaires fonciers et les capitalistes, à mesure que s’augmenteront les impôts hausseront les prix des marchandises qui sont nécessaires aux ouvriers, le prix de la terre, et diminueront le prix du travail ; de sorte que le fardeau des impôts retombera toujours sur les ouvriers.

Et pour affranchir les ouvriers de l’esclavage qui vient de la possession par les capitalistes des instruments de production, les savants proposent une série entière de mesures grâce auxquelles, selon eux, le salaire des ouvriers doit toujours aller croissant et le nombre d’heures de travail toujours diminuant ; en outre, tous les instruments de production doivent, des mains des maîtres, passer dans celles des ouvriers. De sorte que les ouvriers possédant toutes les fabriques et les usines ne seraient pas obligés de donner une partie de leur travail aux capitalistes, mais recevraient en échange de leur travail tous les objets de consommation nécessaires.