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et l’argent que le paysan reçoit de la vente de ses produits, lui est enlevé pour le trésor, comme impôts directs et indirects, et l’on augmente encore le prix des objets qu’il achète, si bien que la plupart des paysans n’ont pas d’autre moyen de gagner de l’argent que de se vendre à ceux qui en ont.

C’est ce que font les paysans et leurs femmes et leurs filles. Quelques-uns se vendent dans leur voisinage, d’autres avec leurs familles vont plus loin dans les grandes villes et deviennent valets, cochers, bonnes, nourrices, cuisinières, garçons de bains ou de restaurant et principalement ouvriers de fabriques. En se vendant dans les villes, pour faire ces métiers, les hommes des campagnes se déshabituent du travail agricole et de la vie simple et s’habituent à la nourriture des villes, aux habits, aux boissons, et grâce à ces habitudes, s’enfoncent encore plus dans leur esclavage. Ainsi le manque de terre n’est pas la seule cause qui fait que le travailleur est en esclavage chez les riches, il y a encore les impôts, les prix surélevés des marchandises, et les habitudes luxueuses des villes, auxquelles en sortant des campagnes s’habituent les paysans.

L’esclavage a eu pour première cause ce fait que la terre a été enlevée aux travailleurs. Mais cet esclavage s’est soutenu et a grandi par les