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que dès leur naissance, ils se trouvent dans ces conditions. S’il arrive aux hommes de douter de la nécessité de telle organisation, alors chacun pense seulement aux souffrances qu’il endurera s’il refuse de s’y soumettre ; chacun espère tirer quelque avantage de ces conditions et tous s’y soumettent, en se disant qu’il ne peut leur être très nuisible de donner au gouvernement une petite partie de leur avoir et de faire leur service militaire. Et cependant, aussitôt que les gouvernements ont cet argent et ces soldats, alors, au lieu de remplir les obligations qu’ils ont prises de défendre leurs sujets contre les ennemis du dehors et d’organiser leur bien-être, ils font tout leur possible pour agacer les peuples voisins et provoquer les guerres ; et non seulement, ils n’aident pas au bonheur intérieur de leurs peuples, mais ils les ruinent et les dépravent.

Dans le livre des « Mille et une Nuits » il y a le récit suivant : Un voyageur se trouvant sur une île inhabitée, rencontra sur le rivage un petit vieillard qui était assis à terre et dont les jambes étaient tout à fait desséchées. Le vieillard demanda au voyageur de le transporter sur l’autre rive en le prenant sur ses épaules. Le voyageur y consentit. Aussitôt que le vieillard fut hissé sur les épaules du voyageur, il croisa ses jambes autour du cou de son bienfai-