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hommes arrangent eux-mêmes leur vie et incomparablement mieux que ne le feraient pour eux les gouvernants. Les hommes, sans aucune immiscence du gouvernement et souvent malgré lui, font des entreprises de toutes sortes, des associations, des sociétés coopératives, des compagnies de chemin de fer, des artels, des syndicats. Si pour une œuvre sociale il faut des collectes, pourquoi penser que sans violence, les hommes libres ne pourront, par leur bonne volonté, recueillir les moyens nécessaires pour établir tout ce qui s’établit par les impôts, si seulement ces établissements sont nécessaires pour tous ? Pourquoi penser qu’il ne peut y avoir de tribunaux sans la violence ? le tribunal auquel deux adversaires ont confiance a existé et existera toujours et n’a pas besoin de la violence. Nous sommes si dépravés par un long esclavage que nous ne pouvons nous représenter la direction sans la violence. Mais c’est une erreur. Les communes russes qui ont émigré dans les pays lointains où notre gouvernement ne se mêle pas de leur vie, arrangent elles-mêmes leurs affaires, leurs tribunaux, leur police et sont heureuses jusqu’à ce jour, depuis que la violence du gouvernement ne se mêle pas de les diriger.

De même il n’y a pas de raisons de supposer que les hommes ne pourraient pas, du consentement général, se distribuer la jouissance de