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travail, c’est-à-dire revenir à l’esclavage sous sa forme primitive.

Ainsi, de telle ou telle façon, toutes les abrogations des lois, en pratique comme en théorie, qui produisent une certaine forme d’esclavage, sont et seront toujours remplacées par de nouvelles lois qui feront une autre forme de l’esclavage. C’est assez semblable à ce que fait le geôlier en transportant les chaînes des prisonniers, du cou aux mains, des mains aux pieds, ou même en les ôtant mais en installant des verrous et des grilles. Toutes les améliorations du sort des ouvriers, faites jusqu’à présent, se réduisent à cela.

Les lois sur les droits des maîtres obligeant les esclaves au travail forcé ont été remplacées par des lois donnant au maître la propriété de toute la terre. Ces lois ont été elles-mêmes remplacées par les impôts, dont la direction se trouve dans la puissance des maîtres. Les lois sur les impôts se remplacent par la protection du droit de propriété, des objets de consommation et des instruments de travail. On propose de remplacer les lois sur les droits de propriété foncière, les droits de propriété des objets de consommation et des instruments de travail, par une loi sur le travail obligatoire. La forme primitive de l’esclavage était la contrainte directe au travail. En parcourant tout le cercle des