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en héritage de ses aïeux, qui eux-mêmes l’avaient ôtée au peuple.

On dit que la loi garantit également la propriété du capitaliste, de l’usinier, de l’agriculteur et de l’ouvrier. L’égalité du capitaliste et de l’ouvrier est semblable à celle qui existerait entre deux lutteurs dont l’un aurait les mains liées, tandis que l’autre serait armé des deux mains, et tous deux devraient dans la lutte observer strictement les mêmes règles.

Ainsi, toutes les explications sur la justice et la nécessité des trois lois qui produisent l’esclavage sont également injustes, aussi injustes que l’étaient jadis les explications sur la justice et la nécessité de l’esclavage.

Ces trois lois ne sont rien autre que l’institution de cette nouvelle forme de l’esclavage, qui a remplacé l’ancienne. Autrefois, les hommes inventèrent des lois d’après lesquelles les uns pouvaient vendre et acheter d’autres hommes, en faire leur propriété et les obliger à travailler, et c’était l’esclavage. Maintenant, on a institué des lois telles que les hommes : ne doivent pas profiter de la terre, qui est considérée comme la propriété d’un autre ; doivent payer les impôts qu’on leur demande, et ne doivent pas profiter des objets qui sont considérés comme la propriété des autres ; et il y a l’esclavage contemporain.