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enlevés au fur à mesure qu’ils les produisent.

Ainsi cette affirmation : que le droit de propriété garantit aux ouvriers la jouissance des produits de leur travail, est encore plus nettement fausse que la justification du droit de propriété foncière, et elle est basée sur le même sophisme.

Autrefois, on enleva aux travailleurs par la force et l’injustice, les produits de leur travail, puis on établit les lois par lesquelles ces mêmes produits, enlevés injustement et par force aux ouvriers, seraient la propriété indiscutable des usurpateurs. Par exemple, la propriété d’une usine, propriété acquise par une série de tromperies et d’escroqueries envers les ouvriers, est considérée comme le produit du travail, et s’appelle la sainte propriété ; et ni la vie de ces ouvriers, qui succombent au travail dans cette fabrique, ni leurs travaux, ne sont considérés comme leur propriété, mais comme celle du fabricant, qui, profitant de la misère des ouvriers, les a liés par des moyens regardés comme légaux.

Les centaines de mille kilogrammes de blé qui sont enlevés aux paysans par l’usure et par une série d’extorsions, sont considérés comme la propriété du marchand ; et le blé cultivé par le paysan est reconnu comme la propriété d’un autre homme, si cet homme a reçu cette terre