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pasteurs d’églises, qui s’intitulent eux-mêmes maîtres contrairement à la doctrine du Christ, et qui discutent entre eux, n’ont aucune autorité, et que ce qu’ils enseignent n’est pas le christianisme.

Plus encore : si l’homme moderne continuait à croire aux miracles et à ne pas lire l’Évangile, ses seules relations avec les hommes des autres croyances, relations devenues si faciles à notre époque, le feraient douter de la vérité de sa foi. Il était facile, à un homme qui ne pouvait pas voir ses semblables d’une autre confession, de croire que la sienne était la seule véritable ; tandis qu’il suffit à un homme qui réfléchit, pour douter de sa foi, d’être mis en relations avec d’autres hommes, bons ou mauvais, des autres confessions, qui discutent et condamnent réciproquement leurs croyances. En notre temps, seul l’homme absolument ignorant ou indifférent à toutes les questions de la vie éclairées par la religion peut demeurer dans sa foi d’église.

Aussi que de ruses et d’efforts les églises ne doivent-elles pas dépenser, pour que, malgré ces conditions défavorables à la foi, elles puissent encore construire des temples, chanter des messes, prêcher, enseigner, faire des prosélytes, et surtout être grassement payées pour cela, dans la personne de tous leurs prêtres, pasteurs, intendants, superintendants, abbés, archidiacres, évêques et archevêques.

Des efforts immenses, surhumains, y sont nécessaires, et c’est ce que font les églises avec une énergie de plus en plus grande. Chez nous, en Russie (sans parler des autres moyens), on emploie simplement la violence brutale du pouvoir soumis à l’église. Les hommes qui se dispensent des pratiques extérieures du culte et ne s’en cachent pas, on les punit sans autre forme ou bien on les dépouille de leurs droits. Par contre, les