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chose ; le Christ est ressuscité et s’est envolé quelque part au ciel, et il reviendra sur des nuées, etc., n’ont aucun sens pour nous.

L’homme qui considérait le ciel comme une voûte solide et limitée pouvait croire ou ne pas croire que Dieu a créé le ciel, qu’il s’est ouvert, que le Christ s’y est enlevé ; mais pour nous quel sens peut avoir tout cela ? Les hommes de notre époque peuvent seulement croire qu’il faut croire, et c’est ce qu’ils font. Et cependant ils ne peuvent pas croire à ce qui n’a pas de sens pour eux.

Mais, si toutes ces expressions doivent avoir un sens allégorique, nous savons premièrement que les partisans de l’église ne sont pas d’accord à leur sujet et que la majorité insiste sur l’entendement des saintes Écritures dans leur sens littéral, et, en second lieu, que toutes ces interprétations, très différentes les unes des autres, ne s’appuient sur rien.

Mais, même si les hommes voulaient s’efforcer de croire à la doctrine des églises telle qu’elle est enseignée, la diffusion de l’instruction et de l’Évangile opposeraient à leur croyance un obstacle infranchissable.

Il suffirait à l’homme de notre époque d’acheter pour trois sous un évangile et d’y lire les paroles si nettes du Christ, paroles qui n’appellent aucun commentaire, comme celles à la Samaritaine, disant que le Père a besoin de fidèles, non pas à Jérusalem, ni à cette montagne ni à cette autre, mais de fidèles dans l’esprit et la vérité, ou comme celles qui affirment que le chrétien doit prier, non comme un païen dans un temple, mais en secret dans son réduit, et que le disciple du Christ ne doit appeler personne père ou maître ; il suffirait de lire ces paroles pour se convaincre indiscutablement que les