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C’est pourquoi l’auteur considère la question de principe comme résolue. Quant à l’autre question, relative aux personnes qui, ne refusant pas les avantages que leur procure un gouvernement basé sur la violence, refusent cependant le service militaire, l’auteur l’étudie en détails et arrive à cette conclusion que le chrétien qui suit la loi du Christ, s’il refuse d’aller à la guerre, ne peut prendre aucune part à l’administration gouvernementale, au pouvoir judiciaire ni au pouvoir électif. Il ne peut, non plus, recourir à l’autorité, à la police ni à la justice pour régler ses affaires personnelles.

Plus loin, l’auteur examine les rapports qui existent entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et montre quelle est la signification de l’état pour les non-chrétiens. Il expose les objections faites à la doctrine de la non-résistance, et les réfute ; enfin il conclut ainsi : « Les chrétiens n’ont pas besoin du gouvernement, c’est pourquoi ils ne sont pas tenus de lui obéir et ne peuvent, à plus forte raison, y participer. »

Le Christ a choisi ses disciples dans le monde, dit-il. Ils n’attendent pas les satisfactions et les bonheurs terrestres ; ils attendent, au contraire, la vie éternelle. L’esprit dans lequel ils vivent les rend satisfaits et heureux, quelle que soit leur condition. Si le monde les supporte, ils sont contents ; s’il ne veut pas les laisser en paix, ils s’en vont vers d’autres contrées, car ils sont des pèlerins sur la terre et ne se fixent en aucun lieu. Ils trouvent que ce sont les morts qui doivent enterrer leurs morts ; eux ne doivent « que suivre leur maître ».

Sans examiner si la définition du devoir du chrétien par rapport à la guerre est juste ou non, définition établie dans les deux livres, on ne peut nier la possibilité pratique et l’urgence d’une solution de cette question.