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Le même fait se reproduit pour tous ces ouvrages. Des gens des opinions les plus diverses, aussi bien les croyants que — ce qui est surprenant — les libres penseurs, semblent s’être donné le mot pour les passer sous silence, et tout ce que font les hommes pour expliquer le véritable sens de la doctrine du Christ reste ignoré ou oublié.

Mais ce qui est plus surprenant encore, c’est l’obscurité dans laquelle sont restés deux ouvrages dont j’ai appris l’existence également à l’apparition de mon livre. C’est celui de Dymon On War (De la guerre) édité pour la première fois à Londres en 1824, et celui de Daniel Musser, De la non-résistance, écrit en 1864. Il est bien étonnant que ces œuvres soient restées ignorées, car, sans parler de leur valeur, elles traitent non pas tant de la théorie de la non-résistance que de son application pratique dans la vie, et du christianisme dans ses rapports avec le service militaire ; ce qui est aujourd’hui particulièrement important et intéressant à cause du service universel.

On demandera peut-être quelle doit être l’attitude du sujet dont la religion est inconciliable avec la guerre, mais de qui le gouvernement exige le service militaire ?

Cette question semble essentielle, et le service universel donne à la réponse une importance particulière. Tous ou presque tous les hommes sont chrétiens, et tous les mâles adultes sont appelés sous les drapeaux. Comment donc un homme peut-il, en qualité de chrétien, répondre à cette exigence ? Voici ce que répond Dymond :

« Son devoir est de refuser, avec douceur, mais avec fermeté, le service militaire. »

« Certains hommes, sans raisonnement bien défini, concluent, on ne sait trop pourquoi, que la responsabi-