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ces derniers temps une communauté qui porte le nom de Hinschist (ces renseignements sont empruntés au Peace Herald, juillet 1891) dont les membres refusent le service militaire en se basant sur les principes chrétiens. Au début on les incorporait dans le service des ambulances, mais aujourd’hui, à mesure que le cas devient plus fréquent, ils sont punis pour insubordination, et, malgré cela, ils refusent toujours de porter les armes.

Les socialistes, les communistes, les anarchistes avec leurs bombes, leurs émeutes, leurs révolutions, sont loin d’être aussi dangereux pour les gouvernements que ces hommes isolés, qui proclament de tous côtés leurs refus en se basant sur la même doctrine connue de tous.

Tout gouvernement sait comment et avec quoi se défendre contre des révolutionnaires ; aussi ne craint-il pas ses ennemis extérieurs. Mais que peut-il faire contre les hommes qui démontrent l’inutilité et même le mal de toute autorité, qui ne combattent pas le gouvernement, mais simplement l’ignorent, peuvent s’en passer, et, par conséquent, refusent d’y participer.

Les révolutionnaires disent : « L’organisation sociale actuelle pèche par cela et par cela qu’il faudrait supprimer et remplacer par ceci et ceci. » Le chrétien, lui, dit : « Je ne m’occupe pas de l’organisation sociale, j’ignore si elle est bonne ou mauvaise, et je ne veux pas la détruire, précisément parce que je ne sais pas si elle est bonne ou mauvaise ; mais, pour le même motif, je ne veux pas non plus la soutenir ; — et non seulement je ne le veux pas, mais je ne le peux pas, parce que ce qu’on me demande est contraire à ma conscience. Or toutes les obligations du citoyen sont contraires à la conscience du chrétien, et le serment, et les impôts, et la justice, et l’armée ; et c’est sur ces obligations que se base tout le pouvoir de l’état.