Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE IX

L’ACCEPTATION DE LA CONCEPTION CHRÉTIENNE DE LA VIE PRÉSERVE LES HOMMES DES MALHEURS DE NOTRE VIE PAÏENNE.

La situation des nations chrétiennes à notre époque est aussi pénible qu’à l’époque païenne. Sous bien des rapports et particulièrement au point de vue de l’oppression, elle est même plus cruelle.

Mais entre la situation des hommes de l’ancien temps et celle des hommes d’aujourd’hui il y a la même différence qu’entre les plantes des derniers jours de l’automne et celles des premiers jours du printemps. Là, dans la nature automnale, la décrépitude apparente correspond au déclin réel intérieur ; ici, au printemps, elle est en contradiction sensible avec l’état d’animation intérieure et de passage à une nouvelle forme de vie.

La même chose se produit pour la ressemblance toute extérieure de la vie païenne et de la vie d’aujourd’hui : l’état moral des hommes est absolument différent. Là, le régime de servitude et de cruauté était en parfait accord avec la conscience des hommes et tout pas en avant augmentait cet accord ; ici ce régime est en complète contradiction avec la conscience chrétienne et chaque pas en avant ne fait qu’augmenter cette contradiction.

Des souffrances inutiles en résultent. Cela ressemble à un accouchement laborieux : tout est prêt pour une nouvelle vie, mais elle tarde à paraître.

La situation semble sans issue, et le serait réellement