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roche. Mais quiconque entend ces paroles que je dis et ne les met point en pratique sera semblable à l’homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ; et lorsque la pluie est tombée et que les vents ont soufflé et ont donné contre cette maison, elle est tombée, et sa ruine a été grande. » (Saint Mathieu, VII, 24 à 27.)

Et voilà que, après dix-huit siècles, la prophétie s’est accomplie. N’ayant pas suivi la doctrine du Christ, ne s’étant pas conformé à son précepte de non-résistance au mal, les hommes sont arrivés malgré eux à l’imminence de la ruine qu’il a prédite.

Les hommes croient souvent que la question de la non-résistance au mal par la violence est une question secondaire et qu’on peut négliger. Cependant elle est posée par la vie même devant tout homme qui pense, et elle réclame absolument une solution. Depuis que la doctrine du Christ a été enseignée, cette question est dans la vie sociale aussi importante que pour le voyageur parvenu à l’endroit où la route se bifurque, la question de savoir laquelle suivre des deux voies qui se présentent à lui. Il faut avancer et on ne peut pas dire : « Je n’y penserai pas et je continuerai à marcher comme je l’ai fait jusqu’ici. » Il y avait une route ; il y en a deux : il faut choisir.

De même on ne peut pas dire depuis que la doctrine du Christ est connue des hommes : « Je vivrai comme auparavant sans décider la question de la résistance ou de la non-résistance au mal par la violence. » Il faut absolument, à chaque lutte nouvelle, décider s’il faut ou non s’opposer par la violence à ce que l’on considère comme mal.

La question de la résistance ou de la non-résistance au mal est née lorsque s’est produite la première lutte entre les hommes, car toute lutte n’est autre chose que