Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par la lutte, mais par l’oppression, elle n’existe pas moins et le plus souvent à un degré plus élevé.

Et cela ne peut être autrement, car, outre que le pouvoir corrompt les hommes, les calculs ou même la tendance inconsciente de ceux qui le possèdent auront toujours pour objectif le plus grand affaiblissement possible des violentés, puisque, plus ils sont faibles, et moins d’efforts il faut pour les maîtriser.

C’est pourquoi la violence augmente toujours jusqu’à la limite extrême qu’elle peut atteindre sans tuer la poule qui pond les œufs d’or. Et, si cette poule ne pond plus, comme les Indiens d’Amérique, les Fuegiens, les nègres, on la tue malgré les sincères protestations des philanthropes.

La meilleure confirmation de ceci est la situation des ouvriers de notre époque, qui, à vrai dire, ne sont rien que des serfs.

Malgré tous les prétendus efforts des classes supérieures pour améliorer le sort des travailleurs, ceux-ci sont soumis à une loi de fer immuable qui ne leur accorde que le strict nécessaire, afin qu’ils soient toujours obligés au travail tout en conservant assez de force pour travailler au profit de leurs maîtres, dont la domination rappelle celle des conquérants de jadis.

Cela a toujours été ainsi. Toujours, à mesure de l’augmentation et de la durée du pouvoir, les avantages pour ceux qui y étaient soumis diminuaient, et les inconvénients augmentaient.

Cela a été et cela est, indépendamment des formes gouvernementales dans lesquelles vivent les peuples ; avec cette seule différence que dans la forme autocratique le pouvoir est concentré entre les mains d’un petit nombre de violents, et la forme des violences est plus sensible, tandis que dans les monarchies constitu-