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« On a parlé et on parle encore de désarmement. Cependant le désarmement est une chose impossible, et même s’il était possible, on devrait le refuser. Seul, un peuple armé est puissant et grand. Je suis convaincu que le désarmement général aurait pour résultat une sorte de décadence morale qui se manifesterait par l’affaiblissement général et arrêterait la marche progressive de l’humanité. Une nation guerrière jouit toujours d’une santé florissante. L’art militaire entraîne avec lui le développement de tous les autres arts. L’histoire en témoigne. Ainsi à Athènes et à Rome, le commerce, l’industrie et la littérature n’ont jamais atteint un aussi haut développement qu’à l’époque où ces villes dominaient, par la force des armes, le monde connu alors. Pour prendre un exemple en des temps plus rapprochés, rappelons-nous le siècle de Louis XIV. Les guerres du grand roi non seulement n’ont pas arrêté les progrès des arts et des sciences, mais au contraire semblaient activer et favoriser leur développement. »

La guerre, œuvre utile !

Mais l’opinion la plus caractéristique en ce sens est celle de l’académicien de Vogüé, le mieux doué parmi les écrivains de cette tendance. Voici ce qu’il écrit dans un article sur la section militaire à l’Exposition de 1889 :


« Sur l’esplanade des Invalides, au centre des campements exotiques et coloniaux, un bâtiment plus sévère domine le pittoresque bazar ; tous ces fragments du globe sont venus s’agréger au palais de la guerre, nos hôtes soumis montent la garde à tour de rôle devant la maison-mère, sans laquelle ils ne seraient pas ici. Beau sujet d’antithèses pour la rhétorique humanitaire ; elle ne se fait pas faute de geindre sur ces rapprochements et d’affirmer que ceci tuera