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force ; enfin nous réprimons également comme antichrétienne toute loi exigeant le service militaire.

Par suite, nous considérons comme impossible pour nous, non seulement tout service actif dans l’armée, mais même toute fonction nous donnant pour mission de maintenir les hommes dans le bien sous la menace d’emprisonnement ou de condamnation à mort. Nous nous excluons donc de toutes les institutions gouvernementales, nous rejetons toute politique, et nous refusons tous les honneurs et toutes les fonctions humaines.

Ne nous reconnaissant pas le droit d’occuper des places dans les institutions gouvernementales, nous nous refusons également tout droit d’élire à ces places d’autres personnes. Nous considérons que nous n’avons pas le droit d’en appeler à la Justice pour nous faire restituer ce qui nous a été pris, et nous croyons que, loin de lui faire violence, nous sommes tenus de donner aussi notre robe à qui nous a pris notre manteau. (Saint Mathieu, V, 40.)

Nous professons que la loi criminelle de l’Ancien Testament — œil pour œil, dent pour dent — a été rapportée par Jésus-Christ, et que, d’après le Nouveau Testament, tous les fidèles doivent pardonner à leurs ennemis, dans tous les cas sans exception, et non se venger. Extorquer de l’argent par la force, emprisonner, envoyer au bagne ou exécuter, ne constitue pas évidemment le pardon, mais la vengeance.

L’histoire de l’humanité est remplie de preuves que la violence physique ne contribue pas au relèvement moral et que les mauvais penchants de l’homme ne peuvent être corrigés que par l’amour ; que le mal ne peut disparaître que par le bien ; qu’il ne faut pas compter sur la force de son bras pour se défendre contre le mal ; que la véritable force de l’homme est dans la bonté, la patience