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car il s’approchait par derrière, non de face.

Cela impatientait le jeune homme. Peut-être aussi voulait-il montrer son savoir-faire. Il cria au moujik :

— Donne-moi ton licou.

— Permettez… Comment donc ! Votre X’ence !… ne daignerait pas…

Sans écouter le moujik, Nekhlioudov alla au devant du cheval et, lui saisissant les oreilles, l’obligea à courber la tête avec une force telle, que l’animal, d’ordinaire paisible, ainsi que cela se voyait, s’ébrassa et chancela en essayant de se dégager.

Quand Nekhlioudov eut constaté qu’il était absolument inutile d’employer de tels efforts, il lui vint à l’esprit la pensée, toute naturelle à son âge, que Youkhvanka se moquait de lui et le prenait pour un enfant.