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Pendant que Tchouricenok parlait, on entendait du coin où sa femme s’était blottie, des sanglots de plus en plus bruyants. Lors qu’il dit : « Mon petit père », elle s’avança, et toute en larmes se jeta aux pieds du barine.

— Ne nous perds pas, notre nourricier !… Tu es notre père et notre mère… Où irions-nous ?… Nous sommes des gens âgés et nous sommes seuls… Tu es comme Dieu pour nous, sanglota-t-elle.

Nekhlioudov quitte vivement son bang et voulut relever la vieille femme. Mais elle, avec une sorte d’ivresse désespérée, frappait la terre de son front et repoussait les mains du barine.

— Mais qu’as-tu donc ? fit celui-ci. — Relève-toi, je t’en prie… Si vous ne voulez pas, je ne vous forcerai pas, ajouta-t-il, en agitant les mains et en s’éloignant de quelques pas.