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d’une large ceinture rougeâtre, regardait par la porte entrebâillée et ne soufflait mot.

Nekhlioudov s’approcha du vestibule et répéta sa question.

— Il est à la maison, barine, répondit enfin la petite vieille d’une voix tremblante, en saluant très bas et comme terrassée par l’émotion.

Nekhlioudov la remercia d’un salut et traversa le vestibule pour gagner une cour étroite. La vieille appuya sa joue sur la paume de sa main droite, s’approcha de la porte et, sans quitter des yeux le barine, se mit à balancer doucement la tête.

Dans la cour, Tchouricenok abattait à coups de hache la haie que le toit écrasait.

C’était un moujik d’une cinquantaine d’années ; sa taille dépassait la moyenne, son visage allongé, aux traits expressifs et agréables, était hâlé par le soleil. Il avait la