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dîner, à me délecter dans cette joie incomplète, mais d’autant plus douce, qu’on ressent à la contemplation solitaire des beautés de la nature.

À sept heures et demie, on m’appela pour le dîner. Dans une grande salle du rez-de-chaussée, magnifiquement meublée, étaient dressées deux grandes tables autour desquelles une centaine de personnes pouvaient prendre place. Pendant environ trois minutes, ce ne furent qu’allées et venues silencieuses pour la réunion des convives. À peine entendait-on le frôlement des robes, le bruit étouffé des pas, les chuchotements avec les kelleners, très polis et d’une suprême élégance ; puis, en face des couverts, des femmes et des hommes, richement vêtus, et d’une extrême propreté, prirent place, attendant qu’on servît. Comme généralement, en Suisse, la majorité des voyageurs se com-