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la planche qui en facilitait l’accès. Iliouchka saluait joyeusement la patronne au visage blanc et rose, à la forte poitrine, qui lui demandait, en regardant le jeune homme avec ses yeux doux et brillants, s’ils venaient de loin et s’ils voulaient souper. Après avoir pris soin des chevaux, il entrait dans une izba pleine de monde où il faisait très chaud ; il se signait, s’attablait devant une écuelle de bois pleine de nourriture et causait joyeusement avec la patronne et les compagnons. Puis, c’était la couchée sous un beau ciel étoilé, qu’on apercevait de l’auvent où l’on s’était étendu sur un foin odorant, près des chevaux qui, piétinant, s’ébrouant, tiraient avec bruit leur provende du râtelier. Il se tournait alors vers l’Orient, faisait une trentaine de signes de croix sur sa large poitrine, et, rejetant ses cheveux en arrière, commençait sa prière.