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à causer un peu avec toi, fit Nekhlioudov en s’éloignant un peu pour qu’Ignat ne pût entendre ce qu’il avait à dire à Karp.

L’attitude assurée et quelque peu orgueilleuse du jeune moujik et les renseignements que lui avait donnés sa nourrice, faisaient hésiter le barine. Il se sentait embarrassé comme s’il avait eu une faute à avouer et croyait être plus à l’aise pour formuler sa proposition à l’un des deux frères sans que l’autre l’entendît.

Karp parut étonné que le barine voulût le prendre à l’écart ; néanmoins, il le suivit.

— Voici ce qu’il y a, dit Nekhlioudov d’un ton hésitant. Je voulais te demander si vous avez beaucoup de chevaux.

— Nous en avons cinq troïkas… Nous avons aussi des poulains, répondit Karp avec insouciance.

— Tes frères conduisent la poste ?