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désintéressement, dit à Lise qu’il l’aimait, mais non pour son argent, et cette résolution généreuse, comme il sembla à Lise, le toucha même. Pour Lise commença la lutte avec sa mère qui ne lui permettait pas de donner sa propriété. Makhine prêtait son aide à Lise, et plus il agissait ainsi, plus il comprenait un monde qui lui était demeuré jusqu’alors étranger : le monde des aspirations morales, qu’il voyait en Lise.


VIII


Le silence régnait dans la salle. Stepan, couché à sa place, ne dormait pas encore. Vassili s’approcha de lui, le tira par la jambe, et lui fit signe de se lever et de venir près de lui. Stepan descendit de sa planche et s’approcha de Vassili.

— Eh bien, frère, lui dit Vassili, travaille un peu, aide-moi.

— En quoi ?

— Voilà… Je veux m’évader.

Et Vassili confia à Stepan qu’il avait tout préparé pour son évasion.

— Demain je les exciterai au désordre, dit-il en indiquant les prisonniers couchés. On dira que c’est moi ; on me transférera en haut, et là je sais comment faire. Seulement, procure-moi le mentonnet du dépôt mortuaire.

— Cela, on peut le faire. Mais où iras-tu ?

— Mais, devant moi… N’y a-t-il pas assez de mauvaises gens ?

— C’est ainsi, frère, seulement ce n’est pas à nous de les juger.