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qu’un seul groom, naïvement pensait faire tout ce que peut faire une mère qui se sacrifie pour son enfant.

De même pour cette nouvelle dette, dans laquelle Eugène voyait un coup pouvant ruiner complètement toutes ses entreprises, Marie Pavlovna ne voyait que l’occasion pour Eugène de montrer sa générosité. Il y avait encore une autre considération par laquelle Marie Pavlovna s’inquiétait peu de la situation matérielle d’Eugène, c’est qu’elle était sûre qu’il ferait un brillant mariage qui arrangerait tout. Et il pouvait faire un mariage des plus brillants. Elle connaissait une dizaine de familles qui eussent été heureuses de lui donner leurs filles ; et elle désirait arranger cela le plus vite possible.


IV

Eugène, lui aussi, rêvait du mariage, mais pas comme sa mère. L’idée de se marier pour arranger ses affaires lui répugnait. Il voulait se marier honnêtement, par amour ; et il examinait les jeunes filles qu’il connaissait ou rencontrait, les comparait entre elles, mais ne se décidait pas.

Cependant, chose à laquelle il ne s’était nullement attendu, ses relations avec Stepanida continuaient, et même avaient pris le caractère de quelque chose de stable. Après leur première rencontre, Eugène espérait ne plus revoir Stepanida, mais, quelque temps après, il ressentit de nouveau une inquiétude dont il détermina la cause ; et cette fois l’inquiétude n’était plus impersonnelle, mais évoquait précisément ces mêmes yeux noirs