Page:Tolstoï - Le Faux Coupon et autres contes.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

priétaires de leur époque et qu’ils n’avaient jamais eu aucune intrigue, à la maison, avec leurs serves. Il résolut d’agir de même. Mais, par la suite, se sentant de plus en plus inquiet, puis se représentant avec horreur tout ce qui pourrait lui arriver, et, enfin, se disant que maintenant il n’y a plus de serves, il décida qu’on pouvait se procurer une femme ici comme ailleurs, seulement de façon à ce que personne n’en sache rien, et non pour la débauche mais seulement pour la santé, comme il se disait. Cela résolu, il se sentit encore plus inquiet, et quand il causait avec le staroste, ou avec les paysans, avec les charpentiers, malgré lui, il amenait la conversation sur les femmes, et, si elle prenait, il la prolongeait complaisamment. Quant aux femmes, il les regardait de plus en plus attentivement.


III

Mais c’est une chose de prendre une décision et une autre chose de la mettre à exécution. S’adresser personnellement à une femme était impossible, et à laquelle ? Où ? Il fallait agir par quelqu’un ; mais à qui s’adresser ?

Une fois, il lui arriva de rentrer pour boire chez le garde forestier. Le garde était un ancien chasseur de son père. Eugène Irténieff se mit à causer avec lui. Le garde lui raconta de vieilles histoires de noces et de chasses, et Eugène Irténieff songea tout à coup qu’il serait bien d’arranger quelque chose ici, dans cette cabane de garde, au milieu de la forêt. Seulement il ne savait comment le vieux Danilo prendrait la chose. « Il sera