ver que mes imaginations étaient une réalité. On eût dit qu’un démon, malgré ma volonté, inventait et me soufflait les plus terribles fictions. Une conversation qui datait depuis très longtemps, avec le frère de Troukhatchevski, je me la rappelais en ce moment, dans une espèce d’extase, et elle me déchirait le cœur en la rapportant au musicien et à ma femme. Oui, c’était il y a très longtemps ; le frère de Troukhatchevski, à mes questions s’il fréquentait les maisons publiques, répondit qu’un homme comme il faut ne va pas où l’on peut attraper une maladie, dans un endroit sale et ignoble, lorsqu’on peut trouver une femme honnête. Et voilà que lui, son frère, le musicien, avait trouvé la femme honnête. « Il est vrai qu’elle n’est plus de première jeunesse. Il lui manque une dent sur le côté, et sa face est un peu bouffie, pensai-je pour Troukhatchevski. Mais que faire ? il faut profiter de ce qu’on a !
« Oui, il l’oblige en la prenant pour sa maîtresse, me disais-je encore, et puis elle n’est pas dangereuse !