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notre expression vraie, en égoïstes essayant d’obtenir le plus possible l’un de l’autre, comme deux personnes qui ne voyaient réciproquement dans l’autre qu’une source de jouissances. Ce dissentiment était notre situation constante qui s’était fait jour dès l’apaisement de nos sens. Je ne compris pas tout de suite que cette froideur, cette hostilité étaient notre état normal, car elles ne tardèrent pas à s’endormir au réveil de notre volupté. Je crus à une dispute qui, une fois apaisée, ne recommencerait plus. Mais, durant cette lune de miel, arriva une nouvelle période de satiété et avec elle, comme nous n’étions plus nécessaires l’un à l’autre, une seconde dispute. Je fus encore plus stupéfait de cette seconde dispute que de la première. La première n’était donc pas un hasard, un malentendu ? Était-ce forcé, fatal ?

Je fus d’autant plus étonné en présence de