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salon, rasés de frais, dans la blancheur éclatante de notre linge, en habit ou en uniforme ! Quel idéal de pureté ! un vrai rêve !…

Réfléchissons un instant sur ce qui est et voyons ce qui devrait être. Lorsqu’un de ces débauchés s’approche de ma sœur ou de ma fille, moi, qui connais son genre de vie, je devrais le tirer à l’écart et lui dire : « Ami, je connais ta vie de débauche, je sais en quelle compagnie tu passes tes nuits, ta place n’est donc pas ici, ce sont d’innocentes jeunes filles qui se trouvent ici. » Voilà ce qu’on devrait dire ? Qu’arrive-t-il au contraire ? Lorsqu’un de ces vieux se présente et danse avec ma sœur ou ma fille en enlaçant sa taille de ses bras, nous sourions de plaisir, si le jeune homme est riche et bien apparenté. Oh, quel dégoût !… Mais le jour viendra bien où toutes ces lâchetés et tous ces mensonges seront enfin démasqués !