Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien près du suicide, au chemin de fer surtout, parce que je croyais que ce serait un rude coup pour elle. Et maintenant je n’étais pas capable de me tuer, j’en repoussais même l’idée.

Pourquoi donc le ferais-je ? me demandai-je, et je ne trouvai pas de réponse.

On frappa de nouveau.

Voyons qui frappe d’abord, me dis-je, j’ai le temps. Je remis le revolver sur la table, je le cachai sous un journal, j’allai à la porte et je tirai le verrou. C’était la sœur de ma femme, une veuve bonne et simple.

— Vassïa ! Qu’est-ce ? dit-elle, et ses larmes, toujours faciles, coulèrent abondamment.

— Qu’est-ce que vous voulez ? demandai-je rudement.

Je sentais bien que je n’avais aucune raison d’être grossier, mais je ne pus prendre un autre ton.