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— Et les enfants ?

— Dieu merci ! Ils sont en parfaite santé et dorment depuis longtemps.

J’avais peine à respirer, mes dents claquaient toujours.

Autrefois il m’était arrivé de revenir chez moi, croyant à un malheur, et de retrouver tout dans son train normal. Il n’en était pas cette fois de même : toutes les images, que j’avais crues trompeuses, et qui avaient hanté mon imagination, étaient bien réelles.

J’étais sur le point de sangloter, mais mon démon me souffla à l’oreille : « C’est cela, laisse toi aller aux pleurs, à la sensibilité, et pendant ce temps ils se sépareront paisiblement, tu resteras sans preuves et te voilà condamné au doute, à la souffrance éternelle. » Immédiatement ma pitié pour moi-même disparut de mon âme et je fus pris du besoin irrésistible de commettre un acte de décision, de fermeté,