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cendirent bientôt d’ailleurs et me laissèrent seul. J’étais comme une bête fauve en cage. Tantôt je me levais brusquement, je m’approchais de la portière, tantôt je marchais d’un pas incertain comme si j’avais espéré augmenter par mes efforts la vitesse du train. Ce wagon, avec ses banquettes et ses vitres, tremblait sans cesse, tout comme celui-ci.

À ces mots, Pozdnychev se dressa, parcourut fiévreusement le wagon et, de nouveau, se rassit.

— Oh ! j’avais peur dans ce wagon ! L’épouvante me saisit, je me rassis. Je voulais songer à autre chose, au maître de l’auberge où j’avais pris le thé, par exemple, mais à mes yeux apparaissait le portier, avec sa grande barbe et son petit-fils qui était de l’âge de mon petit Vassïa. Mon petit Vassïa ! mon petit Vassïa ! Il verra le violoniste