Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Quant à ma femme, je ne l’ai jamais vue telle. Ces yeux brillants, ce sérieux, cette expression de dignité pendant qu’elle jouait ; puis après ce sourire doux, touchant et plein de bonheur. Je vis tout cela mais sans y attacher une grande importance, persuadé qu’elle avait senti, comme moi, germer en son âme des sentiments jusque-là inconnus. Je n’éprouvai presque pas de jalousie durant toute la soirée.

Je devais partir deux jours après pour l’assemblée du Zemstvo. En prenant ses partitions, au moment de s’en aller, il me demanda quand je serais de retour parce que, disait-il, il voulait prendre congé de nous avant de quitter Moscou.

J’en conclus qu’il comprenait l’impossibilité de venir chez moi pendant mon absence et j’en fus content. Son départ de Moscou devant précéder mon retour, il était évident