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Elles redoutent comme un danger l’amour, cet état idéal de l’âme. Et pourquoi ? Parce qu’un homme est pire que la bête quand il ne vit pas en homme. La femme n’envisage l’enfant qu’au point de vue du plaisir. Le commencement est pénible ;… mais bientôt : Oh ! ces menottes ! ces petons ! ce sourire ! ce joli petit corps ! ce gazouillement ! ce hoquet ! En un mot, cet amour maternel est bestial, tout fait de sensualité. On ne songe pas à l’apparition mystérieuse de ce nouvel être, destiné à prendre notre place qu’on lui assigne déjà dès le baptême. On n’y croit pas, et cependant ce n’est que l’avertissement de l’importance du nouveau-né dans l’humanité. On a repoussé tout cela, on n’y croit plus. Mais on ne l’a remplacé par rien et nous n’avons plus que les rubans, les dentelles, les menottes et les petons ; en somme, ce qui est inhérent à la bête. La