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ganiser mon existence à l’exemple des croyants : je me suis efforcé de m’unir à eux, de me solidariser avec eux, d’agir comme eux, tant dans l’existence de chaque jour que dans le culte extérieur de la divinité, et je croyais que de cette façon j’aurais découvert le sens de la vie.

Or, plus je me rapprochais du peuple, plus j’imitais sa manière de vivre et suivais les cérémonies de son culte extérieur, et plus je sentais sur moi l’action de deux forces contraires : d’une part, je pénétrais de mieux en mieux le sens d’une vie que n’interrompait pas la mort, et cela me satisfaisait ; de l’autre, je m’apercevais que ce culte et cette foi de surface étaient insidieux. Je me rendais bien compte que, soit ignorance, soit manque de loisir et irréflexion, le peuple ne pouvait discerner ce mensonge ; tandis que moi, il m’était impossible de ne pas l’apercevoir ou de fermer les yeux, une fois le mensonge découvert, comme me le conseillaient les croyants instruits.

À mesure que j’avançais dans l’accomplis-