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Les dirigeants qui pensent et qui disent : « Après nous le déluge ! » croient fort commode de contraindre les dirigés à continuer à vivre dans la soumission et l’abrutissement afin de pouvoir jouir en paix de leur situation privilégiée. À cet effet, ils ont à leur service l’armée, le clergé, la police, les prisons et les potences. Et les dirigeants s’en servent pour, disent-ils, maintenir l’ordre, quand, en réalité, cet ordre est du désordre, ou plutôt l’organisation du mal.

Si les hommes qui conservent encore quelques restes des principes religieux dont vit la masse n’avaient constamment devant eux le spectacle des crimes commis par ceux qui se sont chargés à leur place de veiller à l’ordre et à la moralité, — guerres, supplices, prisons, impôts, — jamais l’idée ne leur serait venue de commettre le centième des vilenies et des violences auxquelles ils se livrent actuellement, avec la certitude absolue que ces actes sont bons et inhérents à la nature humaine.

La loi de la vie est d’améliorer cette vie, tant individuelle que sociale ; et que cette